C’est le 10 septembre 1983 exactement,
dans le cadre de la 36ème Fête du Peuple jurassien qui avait réuni
45.000 personnes – les temps changent – que nous avons célébré le
jumelage Vellerat – Fourons.
Après avoir souligné le caractère non formel de ce jumelage, M. Jean-Marie Bressant, président de l'Union mondiale des villes jumelées, avait développé l'attitude contestataire des deux communes qui ne se traduisait aucunement, bien au contraire, par le repli sur soi-même et sur le rejet des disciplines sociales. Dans l'allégresse générale, M. Bressant avait ensuite procédé à la cérémonie protocolaire de ce jumelage s'inscrivant dans le contexte de l'unité des cités du globe. Très politique dans son discours, José Happart , bourgmestre f.f., avait insisté sur le souhait de sa commune d'internationaliser le problème et de lutter avec Vellerat contre «le même oppresseur d'origine germanique». «Nous devons lutter car nous savons ce que nous devons subir comme oppression, avait insisté José Happart, qui ajouta «la force de notre combat est d'avoir raison et d'oser le dire».
Roland Béguelin était le père
spirituel de ce jumelage comme il était aussi parmi les fondateurs de la Conférence
des Peuples de Langue française. Mais je reviendrai plus tard à nos relations
au sein de cette organisation.
Le jour de notre jumelage, Roland Béguelin,
faisant référence à la Bible, s'était déclaré convaincu « de la
victoire future des deux David face à leur Goliath respectif».
Et nous avons fêté ensemble la
victoire de Vellerat le 1er juillet 1996. La lutte du Peuple
jurassien dure maintenant depuis 188 ans. Vellerat a gagné après 181 ans.
Fourons est annexé au Limbourg depuis 40 ans. L’espoir est donc encore
permis.
Oui, nous sommes un peu dans le creux de
la vague actuellement aux Fourons puisque nous avons perdu la majorité au
conseil communal à cause du vote des électeurs hollandais, mais la détermination
de notre population n’en est pas changée.
Pierre-André Comte m’avait invité à
prendre la parole aujourd’hui au nom de la commune des Fourons. Avant de
partir, j’ai donc interrogé le bourgmestre afin de savoir s’il souhaitait
que je transmette ici un message de courtoisie. José Smeets vient de me
communiquer la réponse par téléphone : au lieu d’un message de
courtoisie, la majorité flamande a inscrit une nouvelle fois la suppression du
jumelage avec Vellerat à l’ordre du jour du conseil communal de mardi
prochain. Voilà leur sens de la courtoisie, mais on le connaissait déjà
depuis l’intervention musclée d’un ambassadeur flamand de Belgique à l’égard
de la commune de Vellerat. Je m’exprime donc uniquement au nom de la
population francophone des Fourons et au nom de l’Action fouronnaise.
Comme vous le savez, José Happart a
quitté officiellement les Fourons et il est maintenant ministre de
l’agriculture et de la ruralité de la Région wallonne. Son frère Jean-Marie
est Questeur du Sénat fédéral, élu direct de la circonscription
Wallonie-Bruxelles. Nous avons donc déjà eu, comme vous, chers amis de
Vellerat, la joie de célébrer l’arrivée de certains de nos représentants
à de hautes fonctions. Lorsque José Happart est devenu ministre, nous avons
d’ailleurs accueilli avec énormément de plaisir une délégation de Vellerat
conduite par Pierre-André Comte.
Ces nouvelles fonctions importantes de
Pierre-André Comte me permettent de revenir sur un sujet que j’avais annoncé
un peu plus tôt. C’est la Conférence des Peuples de Langue française, plutôt
la Conférence des Minorités ethniques de langue française, comme on osait le
dire à l’époque, fondée par Marcel Thiry de Wallonie, Pierre Fosson du Val
d’Aoste et Roland Béguelin du Jura.
Cette conférence a l’air de s’épuiser
actuellement parce que beaucoup d’objectifs des initiateurs, qui n’étaient
pas encore tous mandataires politiques à l’époque, ont été atteints. Je me
rappelle ainsi qu’un des sujets de préoccupation de nos participants aux conférences
était la mise en place d’accords de coopération entre les parlements de nos
Régions. Une Wallonie autonome
ayant un parlement qui aurait des relations extérieures officielles avec le
Jura, je crois que Marcel Thiry n’osait même pas en rêver, pourtant cela
existe maintenant et notre ami Pierre-André peut en témoigner.
Maintenant que ses objectifs
institutionnels ont été atteints, la Conférence des Peuples de Langue française
doit peut-être repenser son rôle qui pourrait s’avérer utile comme lien
entre les organisations militantes pour le droit des peuples. Et là nous
tombons sur une de nos difficultés : notre amour de la langue française
et, par conséquent, de la France, la patrie des droits de l’homme, peut-il
nous faire oublier que la France n’est pas précisément la patrie du droit
des peuples ? Heureusement que la Jeunesse jurassienne, et le Groupe Bélier
en particulier, nous l’ont rappelé quelques fois en invitant ici les Basques,
Catalans, Corses ou Bretons.
Voilà qui nous montre qu’on peut être facilement amené à courir deux lièvres à la fois. Puisse notre ami Pierre-André, dans ses nouvelles honorables et hautes fonctions, ne jamais oublier les militants de Vellerat qui l’ont amené là. Au nom de la population francophone des Fourons, je lui adresse nos plus chaleureuses félicitations.
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© jlx@wallon.net - Dernière modification le 24/12/2005
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