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Intervention
de Jean-Louis XHONNEUX,
secrétaire général de l’Action fouronnaise, secrétaire territorial de
l’A.I.D.L.C.M. (Belgique) : la situation de la
langue française, minorité dans certaines régions en Belgique.
Pierrette Bérenguier, secrétaire générale de l'A.I.D.L.C.M., et Jean-Louis Xhonneux
À Morlaix,
je vous avais exposé le contexte historique de l’annexion des Fourons à la
province flamande du Limbourg et j’avais illustré mon exposé de quelques
situations concrètes des mesquineries rencontrées par les Fouronnais.
Au congrès de Klagenfurt, je dois vous
avoir parlé du changement de majorité à la tête de la commune des Fourons.
Les Fouronnais francophones sont désormais minoritaires partout : dans
leur commune, dans la province du Limbourg à laquelle ils ont été annexés en
1963 dans le cadre d’État belge, unitaire à l’époque, dans la Région
flamande, de plus en plus autonome par rapport à l’État belge (mais au sein
de la Région flamande, les Fouronnais sont rejoints par 120.000 autres
Francophones, habitant pour la plupart dans la périphérie de Bruxelles). Les
Francophones et les Wallons sont aussi minoritaires dans l’ État belge dominé
par 60 % de Flamands.
Puisque nous parlons ici de langues menacées, j’aborderai le situation du platdeutsch qui est parlé par une partie de la population fouronnaise, l’autre partie parlant plutôt le limbourgeois de Maestricht. Les provinces belge et hollandaise du Limbourg développent des programmes de promotion du limbourgeois et je crois que cela se fait avec un certain succès.
En ce qui concerne le platdeutsch, des travaux importants sont en cours pour éditer un dictionnaire notamment, et régulièrement des troupes d’amateurs présentent des spectacles en platdeutsch. Je continue à prétendre que c’est la volonté des flamingants pour imposer le néerlandais partout qui a failli tuer ces langues régionales.
Les Flamands les plus éminents sont souvent adversaires des dialectes. Ils ont unifié tous leurs dialectes et adopté le néerlandais comme langue unique.
Il est remarquable maintenant de constater que c’est depuis la Hollande qu’on fait la distinction entre le vrai néerlandais et le « Belgian Dutch ». La firme hollandaise d’informatique Palm offre ainsi la possibilité de choisir entre des instructions en néerlandais ou en « Belgian Dutch » pour son GPS. Un peu comme si, de Paris, on nous donnait le choix entre le français officiel et le français de Belgique. Choix que le professeur Gilardino faisait ici hier entre le français international et le français de sa nouvelle patrie québécoise qu’il refuse. Je note aussi au passage que Microsoft nous laisse ce genre de choix pour le dictionnaire orthographique de notre traitement de texte.
Mais revenons à la vie courante de nos Fouronnais. Les circulaires Martens, Peeters et Vandenbrande, qui empestent leur vie de tous les jours, sont toujours d’application. Elles ont même été appliquées maintenant par l’administration communale des Fourons, désormais dirigée par une majorité flamande, acquise grâce aux voix des immigrés hollandais.
Aux élections fédérales du 18 juin dernier, les électeurs fouronnais ont été convoqués en néerlandais uniquement et ils devaient faire une démarche supplémentaire pour obtenir une convocation en français. Malgré toutes les tracasseries et malgré le fait que le déplacement à Aubel révèle leur choix, près de la moitié des électeurs fouronnais ont choisi de voter à Aubel pour des candidats wallons. Depuis la loi de pacification, nous avons en effet la possibilité d’aller voter à Aubel pour des candidats wallons.
La majorité flamande du conseil communal poursuit un scénario d’éradication du français, mais cela se fait de façon très progressive parce que les facilités pour les Francophones sont garanties par la Constitution belge et par des lois fédérales.
Mais il est toujours possible de trouver de petites failles dans la législation rendant l’application des facilités de plus en plus difficile.
Jean-Louis Xhonneux et Paul Lefin, Président de l'A.I.D.L.C.M.
Leur dernière initiative est un changement d’intercommunale d’électricité. Pour l’électricité, ce n’est pas grave, ce sera toujours du 220 volt, mais sur le poteaux électriques, il y a aussi le câble de la télédistribution et là ils auront la possibilité (et ils en ont la volonté avouée) de limiter l’offre de chaînes francophones, ce qui est une atteinte au droit à l’information.
Je vous ai parlé de la situation scandaleuse de nos conseillers communaux qui n’ont pas le droit de s’exprimer en français au conseil communal. Mais, si vous le voulez bien, je vous en dirai plus la prochaine fois.
Le XXIème Congrès de l’Association Internationale pour la Défense des Langues et Cultures Menacées (A.I.D.L.C.M.), réuni à Torre Pellice (Piémont - Italie) du 25 au 27 juillet 2003,
constate
que
l’assemblée du Conseil de l’Europe a approuvé le rapport de Mme Nabholz
sur les minorités linguistiques en Belgique
que
les Francophones de la commune des Fourons sont notamment une des minorités
dont la protection est demandée ;
que
la population locale francophone des Fourons continue à subir les brimades de
l’autorité locale et des autorités supérieures (province du Limbourg et la
Région flamande) qui se basent pour cela sur les circulaires Martens, Peeters
et Vandenbrande, déjà dénoncées, mais toujours en application ;
dénonce
les
manœuvres de la majorité communale des Fourons visant à concéder la télédistribution
à une société flamande qui limitera l’offre de programmes en langue française,
atteinte grave à la liberté d’information que subissent déjà les
Francophones de la périphérie bruxelloise ;
exige
le
retrait immédiat des circulaires Martens, Peeters et VandenBrande qui ne sont
que des mesquineries linguistiques exercées à l’égard de la population
francophone ;
la ratification par la Belgique, ses Communautés et ses Régions, de la Convention-cadre européenne pour la protection des minorités nationales.
Le
XXIème Congrès de l’Association Internationale pour la Défense
des Langues et Cultures Menacées (A.I.D.L.C.M.), réuni à La Tour/Torre
Pellice (Piémont - Italie) du 25 au 27 juillet 2003, sous la présidence de
Paul Lefin, travaille dans l’esprit qui est le sien depuis sa création en
1964,
Toute
langue et toute culture issue de cette langue ont une valeur en soi et méritent
d’être respectées. Mais au-delà de leur valeur propre, elles sont
l’expression originale et spécifique d’un groupe humain qui mérite également
le respect et la protection. La défense et la promotion de toute langue et de
toute culture relève de l’action en faveur des droits de l’homme et des
peuples.
Ce
souci est essentiel, alors que, comme des espèces animales et végétales, des
langues et des cultures disparaissent chaque année. Au cours du XXIème
siècle, l’accélération de l’histoire, la mondialisation, la rapidité des
changements technologiques et médiatiques, vont plus que jamais favoriser en
tous domaines, les plus grands et les plus forts aux dépens des plus petits et
des plus faibles.
L’A.I.D.L.C.M.
constate en outre l’importance accrue des institutions supranationales dans la
coordination des tâches des Etats et la promotion du progrès social et
culturel.