Mesdames,
Messieurs, Chers amis wallons,
Lorsque
Roger Thiry nous a demandé, il y a déjà quelques mois, si Action
fouronnaise acceptait de collaborer à la réussite de ce congrès, notre
conseil d'administration a immédiatement donné son accord et il m'a chargé de
vous en parler.
Nous,
Fouronnais, nous savons bien que la Belgique n'est pas une nation. Une nation de
fait ou historique ne se comporterait pas envers une de ses composantes comme la
Belgique le fait envers les fouronnais. Nous n'avons pas besoin de longs
discours ou de longues études juridiques pour l'admettre. Nous le vivons.
Chers
amis, comme tous les amis wallons et même les amis encore plus lointains, vous
vous êtes tous penchés sur notre sort le 9 mars et dans les jours qui ont
suivi ces tragiques événements. C'est très bien, mais ce n'est pas assez.
Depuis
qu'il faut que de maisons entières soient dévastées ou que des gens
emploient leur fusil, les difficultés quotidiennes que les fouronnais
rencontrent n'intéressent plus personne.
Savez-vous
que les fouronnais ont presque vécu entre le 10 mars et le ter mai comme
pendant la guerre ? Savez-vous ce qu'est une surveillance permanente de la
gendarmerie ? Chers amis wallons, vous est-il déjà arrivé de voir intervenir
des gendarmes pendant une fête familiale parce qu'il est trop tard ou parce que
vous êtes trop nombreux ? Avez-vous déjà vu des gendarmes séparant un groupe
de femmes et d'enfants jouant dans la rue tout simplement parce que le chiffre
de 5 est dépassé ?
Cette
situation nous l'avons vécue pendant près de deux mois. Depuis le 1er
mai, les mesures ont été
assouplies, c'est vrai. Mais pourquoi les fouronnais ont-ils été punis pendant
si longtemps pour des fautes commises par une gendarmerie flamande incapable de
s'opposer à une horde flamingante et incapable de maintenir l'ordre ?
De
plus, l'application de ces mesures nous a montré que la constitution belge est
une tromperie. On y lit quelque part que tous les belges sont égaux. Nous
savons à Fourons que cela veut dire que les flamands peuvent en faire un peu
plus que les wallons.
Mardi
dernier, en effet, les flamands voulaient organiser des cramignons populaires.
Comme ceux-ci avaient provoqué des incidents graves l'an dernier, le
bourgmestre demanda que les organisateurs signent une décharge et se portent
garants du maintien de l'ordre et du dédommagement de tous les dégâts éventuels.
Ces messieurs s'adressèrent au gouverneur du Limbourg qui, piétinant un fois
de plus l'autorité communale, donna son autorisation en interprétant à sa
manière son propre règlement de police: un cramignon devint ainsi une
manifestation traditionnelle assimilable à une manifestation patriotique.
Croyez-vous
qu'il est amusant de retrouver sa voiture griffée, ses vitres brisées, sa
maison chaulée ou goudronnée ? Ce sont des actes réguliers chez nous. Nous
pensons même que les rondes de la gendarmerie s'arrêtent justement par hasard
au moment où les flamingants du V.M.O., T.A.K. ou autre noyau dur opèrent.
Voilà
comment nous sentons que les beaux principes du Congrès national de 1830 ne
sont plus vrais.
Nous
sommes pour la création d'une Wallonie indépendante. Nous vivons à la frontière
et nous voyons très distinctement le fossé qui se creuse entre les mentalités
des différentes nations qui cohabitent dans l'état belge.
Puisque
nous sommes des frontaliers, nous voulons immédiatement annoncer la couleur.
Pour nous, le sol wallon, la terre wallonne, ça n'existe pas. Nous avons
toujours refusé l'existence d'une terre flamande et nous n'accepterons jamais
que nos amis emploient un langage aussi peu respectueux de la volonté des gens.
A
notre avis, si la Wallonie indépendante doit se créer, cela doit se faire à
partir de-la volonté des gens qui y habiteront.
Nous
disons donc : d'accord sur l'éclatement de la Belgique en états indépendants,
à condition de demander aux habitants de chaque quartier ou hameau de la frontière
linguistique d'indiquer dans une consultation démocratique l'appartenance de ce
quartier ou hameau.
Nous
vous demandons, chers amis wallons, de n'imposer un quelconque impérialisme à
personne. Il n'y a d'ailleurs aucun danger dans ce domaine : nous ne sommes pas
des impérialistes en Wallonie.
De
plus, si nous voulons un état wallon, indépendant et fort, cessons immédiatement
nous pronostics sur une Wallonie de gauche ou une Wallonie socialiste, mais
pensons à une Wallonie dynamique, généreuse et indépendante. Les calculs électoraux,
c'est pour beaucoup plus tard.
Action
fouronnaise a donc la position suivante en ce qui concerne l'indépendance de la
Wallonie : oui pour l'indépendance aux conditions suivantes
-
les
populations doivent être largement consultées,
-
les
calculs politiques doivent en être exclus.
Et
pour terminer, je voudrais vous proposer un test de crédibilité. Les wallons
montreront qu'ils sont capables de former un état indépendant lorsqu'ils
pourront libérer du joug flamand quelques milliers de leurs concitoyens sacrifiés
en 1963 sur l'autel des calculs politiques. Pour être clair, je résume en
disant que la Wallonie sera capable de devenir indépendante lorsqu'elle aura démontré
sa capacité en libérant les fouronnais et les francophones de la périphérie
de Bruxelles.
Je
chante très mal. Je vais donc simplement vous dire les dernières strophes de
notre chant de combat :
Tu vas pouvoir enfin le
porter
Le jaune et rouge de la liberté
Car le monde sera ce que
tu le feras
Plein d'amour, de
justice et de joie.
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© jlx@wallon.net - Dernière modification le 24/12/2005