Depuis
la première conférence, on vous parle chaque fois du problème fouronnais.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement de quoi il s'agit.
Les
Fourons forment un territoire de 5000 hectares où habitent 4500 fouronnais.
Cette région appartenait à la province de Liège depuis la Révolution française
et toute la vie sociale et économique était - et est toujours orientée vers
la Wallonie.
Répondant
au voeu du peuple flamand tendant à obtenir la fixation définitive de la
frontière linguistique, les Chambres belges ont rattaché les Fourons à la
province flamande du
Limbourg en 1963.
Depuis
cette annexion, la population n'a cessé de réclamer son retour à la province
de Liège. Au conseil de la commune fusionnée de Fourons siègent 10
conseillers élus sur la liste "Retour à Liège" et 5 conseillers
flamands.
M.
Paratte a tenu hier des propos optimistes concernant le problème fouronnais;
moi aussi, je suis optimiste à condition que l'opinion publique wallonne et
internationale soit sans cesse informée de la situation qui est la nôtre.
C'est la raison de notre présence ici.
J'ai
exposé, il y a un an, nos propositions pour résoudre
le problème fouronnais. Je n'y reviendrai pas, nous n'y avons rien changé et
vous pourrez les trouver aux pages 84 et 85 de la brochure relatant la Ve Conférence.
Je
vous y avais fait un résumé chronologique des événements survenus entre la
IVe et la Ve Conférence. Je voudrais attirer aujourd'hui
votre attention sur deux affaires judiciaires et sur la situation de notre clergé.
J'aurais très bien pu suivre le schéma chronologique de l'an dernier: les
faits ne manquent pas, au contraire. Vous avez entendu parler des incidents du 9
mars, sans doute, et une étude comparative de l'action de nos gendarmes
flamands et de l'attitude des brigadiers bernois à Cortébert le 16 mars
pourrait être très intéressante. Les dégâts que nous avons subis ce jour-là
s'élèvent à 240.000 dollars canadiens.
Je
vous disais à Delémont que des membres du V.M.O. avaient été surpris alors
qu'ils cachaient des armes. Dans son communiqué du 24 août 1979, le Ministre
de l'Intérieur constatait une aggravation de la menace contre la sécurité des
personnes.
Depuis
lors, les identités des membres du commando V.M.O. sont connues ainsi que le
but de leur opération. Ils voulaient enlever le président de l'Action
fouronnaise.
Comme
les armes furent découvertes dans l'arrondissement wallon de Verviers, c'est là
que José HAPPART s'est constitué partie civile contre le président du V.M.O.,
Bert ERICKSON, et ses copains. Nous savons que le Procureur du Roi de Verviers
éprouve les plus grosses difficultés pour constituer le dossier : ErikSSon et
sa bande bénéficieraient d'appuis importants au Parquet d'Anvers (domicile de
ces messieurs) et le dossier y est bloqué, malgré les interventions que le
Procureur général de Liège aurait répétées.
L'autre
affaire concerne ce cafetier fouronnais (R. GROSJEAN) qui s'est servi de son
fusil en septembre dernier pour protéger les siens, ses clients et ses biens.
Depuis lors, il fait l'objet d'une série de menaces et d'articles qui
pourraient inciter l'un ou l'autre faible d'esprit à commettre un geste irréparable.
Nous attendons un jugement et nous demandons que l'affaire soit jugée au plus tôt.
Notre cafetier était en état de légitime défense et il faudra que la justice
le reconnaisse. Ce sera un tribunal de Liège qui devra l'établir et ce
jugement pourrait ébranler l'état belge. On nous a d'ailleurs tenu ce
raisonnement pour expliquer la confirmation du mandat d'arrêt d'un autre
fouronnais, M. J. SNOECK, le 10 mars dernier.
Les
juges devront-ils nous convoquer encore pour nous expliquer qu'ils doivent
rendre un jugement politique pour répondre à des intérêts supérieurs ?
Depuis
longtemps, le clergé fouronnais est flamand. L'industrialisation de la
Wallonie et sa conséquence habituelle qu'est la déchristianisation ont été
employées par nos chers curés pour effrayer une population presque entièrement
catholique. Celle-ci n'osait même pas critiquer la langue de M. le Curé. Petit
à petit, des affichettes "Messes en français", etc., ont vu le jour.
Un
de nos curés a enfin compris la situation. Il est hollandais et parle le français
avec énormément de difficultés, mais il s'est assimilé à ses paroissiens.
Toutes ses messes sont en français. Il fait l'objet de menaces de la part de
ses confrères et de son doyen. Son évêque ne l'épargne pas non plus et
depuis quelques mois, on cherche à ébranler sa santé par des menaces, des
coups de téléphones nocturnes et anonymes...
Il
a déjà pris au moins six semaines de vacances cette année se reposer, mais je
ne sais pas s'il pourra résister. Je ne crois pas que l'évêque de Hasselt le
remplacera et nous n'avons rien à attendre des cinq autres curés qui sont
flamingants et le montrent publiquement.
J'ai
voulu illustrer par ces trois cas très concrets, trop peut-être, l'ambiance
dans laquelle nous vivons.
Nous
vivons sous la surveillance d’une gendarmerie omniprésente. Pour 4500
habitants, nous occupons en permanence une centaine de gendarmes, un
pour 45 habitants, qui sont tous flamands et qui semblent disparaître mystérieusement
quand nos adversaires opèrent. Cette présence policière ne nous rassure donc
pas, au contraire. Je vous invite à venir vous en rendre compte sur place.
Retour à la page "interventions et articles".
© jlx@wallon.net - Dernière modification le 24/12/2005