Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous sortons d’une période doublement postélectorale : en effet, depuis l’année passée à la même époque et l’allocution de Monsieur Jean-Louis Xhonneux, Secrétaire général de l’Action Fouronnaise, deux scrutins ô combien importants se sont déroulés et ont ou risquent de changer la donne pour les citoyens francophones de Fourons.
Les élections communales, tout d’abord. Grâce à l’apport massif de centaines de voix d’électeurs de nationalité néerlandaise, le scrutin de 2000 avait vu la liste pro-flamande faire basculer la majorité au Conseil communal en leur faveur. La situation s’est encore aggravée en 2006 puisque la majorité au Conseil de l’Aide Sociale, pour lequel les Fouronnais élisent directement leurs représentants, est devenue également flamande de justesse avec une septantaine de voix. Ce qui implique que, depuis janvier 2007, les Francophones de Fourons, déjà continuellement victimes des tracasseries et des brimades émanant des autorités provinciales et régionales flamandes, ne disposent même plus de quelque soutien que ce soit au niveau local, si ce n’est par le biais d’une opposition politique forte.
Les élections fédérales de dimanche dernier, quant à elles, ont encore accentué les différences déjà connues dans le choix des électeurs selon qu’ils soient au Nord ou au Sud de la frontière linguistique. Pour analyser les répercussions éventuelles que les citoyens francophones des Fourons pourraient avoir à subir, il faut relever le fait indiscutable que la Flandre a, encore davantage qu’autrefois, versé dans le nationalisme. Les statistiques électorales du canton de Fourons ne démentent aucunement cette thèse. Les chiffres sont extrêmement parlants : si la plupart des analystes politiques et des médias clament naïvement que la Flandre a simplement viré à droite toute, force est de constater que les partis et autres mouvements arborant fièrement le drapeau de l’identité nationaliste flamande et affichant une volonté radicale de séparation d’avec la Wallonie et les Francophones en règle générale sont les seuls à avoir enregistré une progression dans les suffrages. Bon nombre d’entre eux revendiquent ouvertement la suppression des facilités administratives dévolues aux citoyens francophones de Fourons et de la périphérie bruxelloise, pourtant gravées et bétonnées dans la Constitution depuis plus de quarante ans. Nous, Fouronnais francophones, qui connaissions déjà le vrai visage de la Flandre, osons espérer que les acteurs politiques francophones, de Wallonie et de Bruxelles, prennent enfin conscience de la gravité de la situation fouronnaise : il ne s’agit plus d’une problématique épineuse, mais bien d’une tragédie historique à laquelle une solution radicale et durable devra impérativement être trouvée.
Je terminerai cette allocution en évoquant l’Histoire, via ce symbole de résistance près duquel nous nous trouvons, à savoir le Monument de l’Aigle blessé. Même si les thèses historiques diffèrent à ce sujet, ce serait en ce lieu que le Général d’Empire Pierre Cambronne, commandant le dernier carré de la Garde Impériale, fut sommé par le Général britannique Colville de se rendre. La réponse de celui-ci fut nette : « La Garde meurt mais ne se rend pas ! »
Je n’ai pu résister à la tentation de réutiliser cet adage, symbole de fierté et d’honneur. En effet, Messieurs les Flamands, même en usant de toutes vos flèches empoisonnées, nous mourrons peut-être mais nous ne nous rendrons jamais !
Vivent la francité et la solidarité entre la Wallonie et les Fourons ! Je vous remercie.
Michaël Henen et Robert Collignon, ancien Ministre-Président du Gouvernement wallon et ancien Président du Parlement wallon.