Les innombrables définitions du nationalisme peuvent se résumer très brièvement en deux formules :
1) « A chaque peuple, un seul Etat » (en allemand, à une certaine époque : « Ein Volk, ein Reich »).
A première vue, il n’y a pas d’objections absolues vis-à-vis du souhait d’un « peuple », d’une « nation » d’avoir ses propres structures politiques. Osons dire les choses telles qu’elles sont : c’est ce principe nationaliste qui préside à toutes les réformes institutionnelles que la Belgique a connues ces 40 dernières années. Mais, dans la pratique, le nationalisme fait l’impasse sur plusieurs questions cruciales. D’abord : avoir ses propres structures politiques, cela va jusqu’où ? La Belgique illustre à la perfection que les nationalistes ne se contentent pas d’un certain degré d’autonomie politique pour leur « peuple », ils en veulent toujours plus, parce que, à terme, leur objectif ultime est bel et bien l’indépendance totale. Ensuite : combien d’états siégeraient aux Nations Unies si tous les « peuples » du monde obtenaient leur propre état ? Enfin et surtout : c’est quoi, un peuple ? Nulle part, il n’existe une population totalement homogène, dont 100% des membres souhaiteraient fonder leur propre état. Et que faire alors de la minorité qui n’est pas d’accord, parce qu’elle n’estime pas appartenir au même « peuple » ? Elle pourrait invoquer le même principe nationaliste pour réclamer sa propre autonomie / indépendance. Gros problème pour les nationalistes, évidemment. Conséquence : l’élimination des minorités fait partie intégrante de l’idéologie nationaliste. Elle se traduit par la seconde formule :
2) « A chaque Etat, un seul peuple ».
Quand le « peuple » se définit par la langue qu’il pratique, la formule se traduit par le principe de la territorialité linguistique : « A chaque Etat, une seule langue ». C’est le principe que les Francophones cherchent à disqualifier quand ils l’appellent « le droit du sol », mais cela n’empêche que c’est le principe de base de toute notre législation linguistique, qui, en effet, est tout sauf tolérante. On peut affirmer que le principe de territorialité fait partie intégrante de l’idéologie nationaliste.