Dans le numéro 30 de la revue TOUDI, José Fontaine publie des réflexions sur les Fourons. Je lui ai accordé une interview à cette occasion et je vous en communique le texte complet ci-dessous:

 

L'avenir des Fourons
Jean-Louis Xhonneux est l'un des « chefs historiques » de la bataille fouronnaise. De tendance sociale-chrétienne, ce Conseiller communal et Président du CPAS nous a reçus avec une immense cordialité dans l'une des régions les plus belles de Wallonie dont Jean-Jacques Andrien tira un jour son film esthétiquement le plus réussi, Le grand paysage d'Alexis Droeven. En tant que Wallons, nous considérons que les Fourons font partie de la Wallonie mais nous le disons certes, en accord avec la majorité des habitants des Fourons jusqu'à aujourd'hui, mais en désaccord avec la loi. Que va-t-il se passer dans les Fourons? Peut-être est-ce impossible de le dire. Non pas seulement en ce qui concerne le résultat des élections d'octobre mais également aussi à plus long terme. Car, quoi qu'il arrive, la Wallonie se sera battue là pour quelque chose qui en valait la peine, le respect de la démocratie. Et même si la lutte flamande (sauf quand elle s'allia - trop souvent - avec des milices fascistes), nous a toujours semblé avoir un fond de légitimité.
- TOUDI: On parle moins des Fourons dans l'actualité
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: 
 Effectivement, les médias en parlent moins. J'ai moi-même décidé de ne plus me présenter aux élections communales, mais je n'abandonnerai jamais le combat, jamais. Mais je suis  relativement pessimiste pour le moment car partout ailleurs,  seulement 5 % des électeurs européens s'inscrivent sur les listes pour les élections communales auxquelles ils ont maintenant le droit de participer. Ici, dans les Fourons, 80 % des électeurs européens sont déjà inscrits et  parmi  les électeurs européens des Fourons, 90% sont des Hollandais.
- TOUDI: Mais les Hollandais vont-ils automatiquement voter pour la liste flamande?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Je crains que le vote des Hollandais ne renverse la majorité pro-liégeoise et pro-wallonne qui est en place depuis 
 l'annexion au Limbourg, soit plus d'un quart de siècle mais cela ne changera rien au combat fouronnais. Le but des Flamands est de faire disparaître les facilités, ici comme ailleurs. Il faut aussi avouer que la détention du pouvoir communal pendant une si longue période, cela use, ici comme ailleurs. C'était important de détenir ce pouvoir, mais ce n'est pas essentiel pour le combat que nous menons pour la défense du français dans cette région. 
- TOUDI: N'êtes-vous pas trop pessimiste?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Aux élections précédentes, nous avons eu huit sièges contre sept à la liste flamande mais avec un peu de chances, on aurait pu rester au rapport 9/6. Je crois que les Wallons/francophones vont rester sur un rapport 8/7 mais 
 peut-être inversé en faveur de la liste flamande ou alors nous aurons la majorité mais de justesse. Je ne crois d'ailleurs pas qu'il y ait d'autres listes qui se présentent. La liste flamande des « VOERBELANGEN (VB) » émet une intense propagande en plusieurs langues, dont l'anglais et l'allemand. Ce qui paraît une ouverture mais qui n'est en fait qu'un moyen détourné pour parvenir à mettre le français sur le même pied que l'anglais ou l'allemand, soit lui faire endosser le statu d'une langue extérieure ou étrangère à Fourons.
- TOUDI: Mais, répétons la question, pourquoi les Hollandais voteraient-ils pour « VOERBELANGEN (VB) »?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: L'organisation Voeren 2000 dispose de tous les appuis possibles et imaginables, politiques, financiers (etc.). Ils donnent à penser aux électeurs hollandais que leur inscription sur les listes est obligatoire. I
arrive même que l'on fasse croire à des immigrés de pays lointains qu'ils ne peuvent continuer à émarger au CPAS qu'en suivant ces cours de néerlandais.  Des candidats électeurs hollandais nous ont dit qu'ils devaient rapporter l'accusé de réception de leur demande d'inscription, que délivre l'administration communale, à Voeren 2000. Je me demande si on ne les récompense pas là-bas. Il est certain que, au moins, le Marnixkring finance l'abonnement de ces hollandais au "Belang van Limburg" pendant les 6 prochains mois.
- TOUDI: En définitive les Fourons sont-ils francophones ou néerlandophones? O
a quand même l'impression que tout le monde parle le français ici...
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Il y a ici une moitié de la population qui parle le français. Mais la langue des Fourons avant l'annexion au Limbourg, c'était le Platdutch, qui est parlé également dans d'autres communes de la région actuellement sises en Wallonie. Cette langue est à la fois différente du français et du néerlandais. Elle était autrefois commune à tous les Fouronnais. Il est curieux que cette langue que l'on a fait disparaître du fait de l'annexion au Limbourg, a été prise comme prétexte de cette même annexion au Limbourg. Les deux camps se raidissant dans leur appartenance officielle francophone/wallonne ou néerlandophone/flamande, seuls le français et le néerlandais surnagent si l'on veut.  Le platdutch a été assassiné par les Flamands qui ont voulu l'assimiler au flamand, pas seulement à Fourons, mais aussi dans les communes voisines de Plombières, Welkenraedt, etc.. On recommence, depuis quelques années, à monter des pièces de théâtre en platdutch à Plombières, mais il y a eu une interruption pendant une bonne vingtaine d'années. Ici et à Welkenraedt, je ne sais pas si on pourra un jour envisager de produire une pièce de théâtre en platdutch.
- TOUDI: Mais votre langue maternelle à vous?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: C'est le Platdutch. Même si je comprends bien le néerlandais et si le français est devenu la langue dont j'use habituellement.
- TOUDI: Pourquoi les Hollandais arrivent-ils ici dans les Fourons?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Ils se sentent à l'étroit dans le Limbourg proche où certains gardent d'ailleurs leurs activités (d'autres viennent ici passer leurs vieux jours). Comme ils proviennent de groupes sociaux privilégiés au Limbourg, ils ont en général des revenus plus élevés que les amateurs locaux et régionaux de maisons et ils s'imposent lors des ventes de maisons.
- TOUDI: Mais ces Hollandais n'ont pas de position politique sur la question des Fourons.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Tant qu'ils n'ont pas de contacts avec Voeren 2000, non. Mais, certains d'entre eux, quittant la Hollande avec leurs enfants (tout en y gardant leur emploi) finissent par se socialiser ici et, logiquement, ils ne le font pas en français mais en néerlandais. Comme la Flandre a bâti chez nous une école provinciale un peu inutile, c'est 
 là  qu'ils envoient leurs enfants en âge de scolarité.
- TOUDI: On se souvient d'un prêtre hollandais des Fourons qui était extrêmement tolérant à l'égard des Wallons...
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: 
 Oui, c'était le père Joseph Colijn qui est décédé. Son héritage est évident: la paroisse de Rémersdael est considérée comme francophone. Mais les rapports ne sont pas faciles avec le clergé. Lorsque le père du bourgmestre Smeets a été enterré, il avait été convenu avec le prêtre que les intentions de prière, certaines lectures (etc.) soient en français. Finalement, le curé a prétexté diverses raisons pour ne pas s'en tenir à cet accord. Et, à la fin de la cérémonie, le bourgmestre s'est adressé à la dépouille mortelle de son père en lui disant: « Nous avons voulu  respecter ta volonté d'avoir des funérailles dans ton église paroissiale de Fouron-le-Comte. Tu nous as demandé ça en disant qu'ainsi tes amis présents à ton enterrement se rendraient compte de l'intolérance du curé. » Vous savez, quand le vieux bourgmestre Dodémont est mort, sa famille a été obligée de chasser le curé du cimetière  pour qu'un Pater et un Ave soient dits en français . O peut dire qu'aujourd'hui la socialisation ne s'effectue plus dans le cadre des paroisses principalement. N'empêche que le clergé flamand tend à jouer ce jeu en poussant à l'intégration des Hollandais dans les circuits paroissiaux.
- TOUDI: On s'étonne encore de la présence de Hollandais ici. Certains ont dit que la frontière d'État à État (qui sépare la Hollande de la Belgique), isolait les Fourons dans un ensemble disons, non-germanique, en faisant une enclave destinée à être absorbée par l'attraction de Liège et des autres villes vivant dans l'influence urbaine liégeoise comme Visé par exemple.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Je ne suis pas sûr que nous ayons été si coupés que cela jamais de la Hollande. Il ne faut pas oublier que si Liège est proche
Maastricht est à vingt kilomètres. Les échanges avec la Hollande sont anciens.  Bien qu'on retrouve l'origine de ma famille à Clermont-Thimister, un de mes grands-parents était hollandais et la tombe de mes arrière-grands-parents au Limbourg hollandais est une tombe dont les inscriptions sont en français. J'ai un petit-cousin hollandais qui est sénateur et qui est assez fier de parler de ses ascendances wallonnes ou francophones, notamment pour marquer un certain localisme « limbourgeois » vis-à-vis de la « Grande Hollande ».
- TOUDI: Étant donné l'importance de la langue française dans les Fourons, pourquoi les Hollandais ne se socialisent-ils pas en français?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Certains font l'effort de parler le français mais rien dans le climat politique et social des Fourons n'incite une personne de langue néerlandaise à parler la langue française. Je le répète, même si certains Hollandais font l'effort de parler le français, il s'agit d'une immigration de riches, plus aptes, de toute façon, à conserver leur capital culturel et linguistique. Je suis le président du CPAS et je vous garantis que je n'ai 
 pratiquement jamais vu de Hollandais arriver au CPAS.  Il y a aussi le cas d'un immigrant hollandais qui avait placé ses enfants dans l'enseignement francophone. Les flamingants l'ont tellement harcelé qu'il est allé s'installer  quelques kilomètres plus loin en Wallonie.
- TOUDI: N'avez-vous pas l'impression que la Wallonie a laissé tomber les Fourons?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Une certaine lassitude est excusable. CE qui m'a toujours frappé chez les hommes politiques wallons, c'est leur manière de changer d'opinion selon que leur parti était ou non au gouvernement fédéral. Si leur parti faisait partie de la majorité, ils étaient obligés de soutenir les compromis élaborés à Bruxelles. Dans l'opposition, comme Wallons, ils étaient p
lus à l'aise pour critiquer ces compromis et de les juger défavorables au point de vue fouronnais francophone. I faut ajouter à cela le complexe de culpabilité des socialistes puisque c'est eux qui ont les premiers avancé l'idée de rattacher les Fourons au Limbourg.
- TOUDI: Ils ont avancé l'idée en Commission parlementaire puis ils ont voté, comme tous les autres parlementaires wallons (ou la majorité d'entre eux), contre l'annexion au Limbourg et contre l'ensemble de la loi sur la frontière linguistique.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Oui, vous avez raison, mais il y avait eu au préalable ces mots malheureux de M.Gruselin.
- TOUDI: Il y a moins d'inscriptions politiques dans les Fourons, moins de badigeonnage, plus de calme. Est-ce que les esprits ne seraient pas mûrs pour trouver une solution de compromis?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Il ne me semble pas que la nouvelle génération flamande soit plus tolérante.
- TOUDI: Mais enfin, Huub Broers, le leader des VOERBELANGEN (VB), est quand même un démocrate.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Oui mais qui s'est servi parfois de non-démocrates. Paradoxalement, il est régent en français et enseigne cette langue à l'école provinciale. Il a été durant très longtemps attaché à divers cabinets CVP et a failli être sénateur aux élections de 95.
- TOUDI: Vous n'êtes donc pas optimiste sur l'avenir francophone des Fourons.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: J'ai parfois le sentiment que cela va se terminer par un exode. Il y a d'ailleurs déjà de nombreux Francophones qui ont quitté les Fourons, notamment la jeunesse. Une part de la vie associative se maintient grâce à des gens qui n'habitent plus ici.
- TOUDI: Iriez-vous jusqu'à regretter le combat qui a été mené ici.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Non. L'élection de José Happart comme bourgmestre en 1982, c'était une provocation car José Happart ne parlait pas le néerlandais mais cette provocation avait un sens puisque réellement les Fourons n'étaient pas néerlandophones et que l'usage du néerlandais y était inutile. C'était une manière de souligner l'absurdité de ce rattachement au Limbourg.
- TOUDI: Vous vous comparez aux autres communes à facilités mais pourtant, il y a une différence avec les Fourons. En 1962, il y a eu un référendum légalement organisé (mais sans force légale) par la Province de Liège qui rejetait l'annexion. Les bourgmestres ont renvoyé leurs décoration
au roi. Bref, on a vu des choses qui ne se sont jamais produites dans les communes bruxelloises francophones de la périphérie. Et puis il y a eu la formidable mobilisation liégeoise et wallonne.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Nous étions aussi des gens du coin. Nous n'étions pas des gens venus de l'extérieur venus habiter les communes des Fourons comme c'est le cas de certains habitants de la périphérie bruxelloise. Bien sûr, ce n'est pas l'ancienneté de l'occupation d'une commune qui vous donne des droits supplémentaires mais on sent tout de suite la différence sur le plan humain, sociologique et finalement cela a des répercussions sur un certain sens de la justice que des Flamands comprennent comme Denise Van dam par exemple, qui a pris position en faveur des Fourons francophones.
- TOUDI: Vous n'avez pas non plus les mêmes institutions que les communes francophones de la périphérie bruxelloise.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Non. Nous avons le même statut que Comines. C'est-à-dire qu'il y a obligatoirement un conseiller de l'opposition qui fait partie du collège des échevins où les décisions doivent se prendre à l'unanimité. Les membres du CPAS sont également élus directement. Enfin, il y a le Collège des gouverneurs de province...
- TOUDI: Une spécificité fouronnaise, de fait en tout cas.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Oui. Ce Collège doit donner un avis sur une proposition d'annulation d'une décision du Conseil communal des Fourons. C'était quelque chose que nous avions exigé. C
Collège doit être toujours composé de manière paritaire.
- TOUDI: Que pensez-vous de cette formule du Collège des Gouverneurs?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: De fait, c'est quelque chose qui bloque. Les Flamands veulent obtenir que le gouverneur du Limbourg soit compétent pour tout ce qui est matière linguistique. Mais il est difficile en pratique de distinguer ce qui est ou non linguistique... En outre, l'avis du collège des gouverneurs peut être cassé par le Conseil d'État. Mais c'est la seule chambre flamande qui est compétente alors. 
 Une fois de plus, les Flamands  remettent en question ce qu'ils ont négocié et concédé. Ils affaiblissent, voire suppriment, le rôle du collège des gouverneurs, en le mettant en cause devant la chambre flamande du Conseil d'État, dont on connaît l'habitude de se substituer au législateur, en imposant un droit prétorien basé sur sa propre jurisprudence.


- TOUDI: On a l'impression en vous écoutant que la Wallonie a perdu les Fourons. Certes, les Wallons - ce n'est pas être trop complaisant à leur égard que de le dire - n'ont jamais considéré que les Fourons devaient leur revenir un peu comme des bâtisseurs d'empire ou des colonialistes. Ils ont surtout été sensibles au fait qu'une majorité était dépossédée de son droit de disposer d'elle-même. Sensibles aux Droits de l'homme finalement. N'empêche que si, réellement, ce que vous dites se passe, beaucoup, même parmi les Wallons les moins pointus, les plus sensibles à la seule question de la démocratie, auront l'impression - certains l'ont déjà dit - que, à force de temps, on est arrivé à passer outre la majorité des Fouronnais, tant de fois manifestée pour finir par créer une autre majorité dans les Fourons, comme ici avec les Hollandais, une majorité qui devra être respectée, évidemment, mais, en attendant, on a un peu poussé artificiellement à faire cette majorité.
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Oui je suis pessimiste. Et mon avis n'engage que moi qui, d'ailleurs, ne 
 me  représentera pas aux élections communales d'octobre, comme je vous l'ai dit au début de l'interview . Mais je dirais que si la Flandre n'obtenait pas une majorité en octobre, ce serait quand même pour elle un formidable échec. Vous devez vous rendre compte que dans une petite commune de 4.000 habitants, où vivait déjà une proportion d'habitants consentants à la flamandisation des Fourons, il n'est pas trop difficile de renverser la vapeur. Il y a eu cette création d'une école provinciale qui, au début, était pratiquement sans élèves. Il y a eu l'érection d'un centre culturel luxueux. Il y a eu toute une série de procédés par lesquels la Flandre a véritablement colonisé nos villages: nomination de gendarmes fatalement flamands dans une région théoriquement de langue néerlandaise, la création d'un poste de douane à la veille de leur suppression , l'installation de Voeren 2000 qui est une véritable machine de propagande financée par le gouvernement flamand, etc.. . Si l'on ajoute à cela l'émigration hollandaise... Nous serons peut-être vaincus mais il y a aura encore longtemps une minorité francophone dans les Fourons et nous nous défendrons.  La Belgique et ses entités fédérées devront, tôt ou tard, signer la convention du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités. Les fouronnais francophones sont une de ces minorités en Flandre et nous nous battrons pour être reconnus comme tels. Comme me l'écrivait récemment Joëlle Milquet, " A un moment où l'Europe s'élargit vers l'Est, à des états qui, soit ont été longtemps privés de démocratie, soit n’ont jamais connu la démocratie, et que l’on impose comme condition sine qua non de l’entrée de ces pays dans l’Europe, l’adhésion à la convention européenne pour la protection des minorité, il est inconcevable que la Belgique se refuse à y souscrire. C’est inconcevable pour les Belges, c’est inconcevable pour les européens et c’est inconcevable pour les futurs européens."
- TOUDI: Wallons et Flamands, se sont battus pour des Fourons symbolisant la Flandre et la Wallonie, certes différemment. Chez les Flamands, tout s'explique par la volonté de défendre leur langue (ce qui est légitime), alors que celle-ci avait tendance à reculer sur de nombreux points de la frontière linguistique de 1932 (comme à Enghien). Chez les Wallons, le sentiment de minorisation, avec le vote de la loi sur la frontière linguistique par le vote 
 du groupe parlementaire flamand (majoritaire) contre le groupe wallon (minoritaire), il y a eu le sentiment que cette minorisation pouvait avoir des conséquences graves et concrètes, avalisées par le Parlement belge. Les syndicats, notamment, ont défendu les Fourons, car ils y voyaient la même emprise flamande que celle subie dans les domaines plus économiques (la sidérurgie par exemple). La Wallonie est battue?
- JEAN-LOUIS XHONNEUX: Non, indépendamment du fait de savoir qui va gagner les élections en octobre. Je vous ai dit mon pessimisme mais la Wallonie a un avenir. Il est possible que, durant une période qui a duré un certain temps, la Wallonie, pour rester elle-même, devait se battre pour les Fourons comme elle l'a fait. Ceci étant dit, les questions linguistiques dans nos villages ne sont peut-être plus autant l'expression d'un mal wallon plus large qui était celui de la minorisation dont vous parliez. La Wallonie devrait sans doute se projeter sur d'autres symboles, d'autres questions. Et elle a un avenir. Mais, ici, en tout cas, nous n'abandonnons pas le combat et nous espérons pouvoir encore compter sur la Wallonie.

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© jlx@wallon.net  - Dernière modification le 24/12/2005