Bruxelles,
le 10 – 05 – 1988
Office
de Promotion du Tourisme de la Communauté française de Belgique
Rue
du Marché aux Herbes, 61
1000 BRUXELLES
Votre lettre
du Vos
références
Nos références
Annexes
10.03.1988 MC/VC/7396
19.233/II/PF/J.P.
OBJET :
Carte mentionnant VOEREN et SINT-PIETERS-VOEREN.
Monsieur le
Directeur,
1) En séance
du 28 avril 1988, la Commission permanente de contrôle linguistique (C.P.C.L.)
siégeant sections réunies, a examiné la plainte déposée le 24 novembre 1987
contre le fait que votre Office a publié, dans la brochure Belsud - Evasion,
une carte partielle de Belgique mentionnant "VOEREN et
"SINT-PIETERS-VOEREN", alors que, d'après le plaignant, une carte
représentant le territoire de la commune de FOURONS doit avoir recours au
bilinguisme néerlandais-français.
2) La
brochure Belsud - Evasion est un journal bi-annuel publié par l'Office de
promotion du tourisme de la Communauté française de Belgique, établissement
d'utilité publique, et destiné à faire de la propagande touristique pour
Bruxelles et la Wallonie.
3) Par
lettre du 10 mars 1988, l'Office a demandé de connaître l'avis de la C.P.C.L.
sur les usages et la loi en la matière, de façon à procéder à la révision
du fond de carte.
4) Dans son
avis n° 4167 du ler février 1979, la C.P.C.L. a estimé notamment
- que l'édition
de plans par des firmes commerciales privées échappe à l'application des lois
linguistiques,
- que l'édition
de tels plans par un service public est soumis à des obligations de nature
linguistique,
- que
lorsque les plans sont diffusés à l'appui d'un texte ou comme dépliants, ils
constituent une communication destinée au public.
- que sous
cet aspect de communication au public, les plans devraient, pour se conformer à
la lettre des lois linguistiques, être intégralement tantôt bilingues, tantôt
unilingues selon la nature du service utilisateur et la localisation de la
diffusion, mais que l'application de cette règle pourrait être à l'origine de
sérieuses difficultés.
- que la
meilleure solution, conforme à l'esprit des lois linguistiques, consiste à
s'en tenir au régime linguistique de la région représentée.
5) Dans son
avis n° 16.015 du 12 décembre 1984, la C.P.C.L. a
confirmé qu'il était opportun de faire choix d’un critère qui respecterait
au mieux l'esprit des L.L.C., à savoir s'en tenir, pour l'établissement d'une
carte, au régime linguistique de la région représentée.
Elle a
constaté que l'appartenance de la commune de FOURONS à la région de langue néerlandaise
n'enlève rien à son caractère de commune de la frontière linguistique au
sens des L.L.C.
Elle a noté
également que l'article 133 de l'arrêté royal du 17 septembre 1975 relatif
aux fusions de communes a été modifié par un erratum publié au Moniteur
belge du 18 octobre 1975 ainsi libellé "Art. 133 - Dans le texte français
de l'arrêté, le mot "VOEREN" est remplacé par le mot "FOURONS
".
Elle a estimé
qu'en application du critère défini ci-avant, une carte représentant le
territoire de la commune de FOURONS doit avoir recours au bilinguisme néerlandais-français
; y figureront non seulement les traductions légales des toponymes mais également
la traduction des mentions qui ont un caractère informatif sans que l'on puisse
leur attribuer la valeur de noms propres.
6) L'Office
de Promotion du Tourisme de la Communauté française de Belgique est chargé
d'une mission qui dépasse les limites d'une entreprise privée et que la loi ou
les pouvoirs publics lui ont confiée dans l'intérêt général.
Par analogie
avec l'article 1er , § 1er , 2° des lois linguistiques
coordonnées en matière administrative, on peut assimiler cet organisme avec un
service centralisé de l'Exécutif de la Communauté française dont l'activité
s'étend à toute la circonscription de la Communauté et qui est visé à
l'article 35 de la loi du 9 août 1980 de réformes institutionnelles.
En vertu de
l'article 36, § 2 de la loi du 9 août 1980, ces services sont, quant aux
communes à régime linguistique spécial de leur circonscription, soumis au régime
linguistique imposé par les L.L.C. aux services locaux de ces communes pour les
avis, communications et formulaires destinés au public.
7) En
application de la jurisprudence susénoncée, un plan représentant la commune
de FOURONS doit mentionner cette commune en néerlandais et en français.
La plainte
est donc recevable et fondée.
8) En ce qui
concerne l'établissement des plans en général, les conseils suivants peuvent
être donnés à l'Office de Promotion du Tourisme de la Communauté française
de Belgique.
"La
meilleure solution, conforme à l'esprit des lois linguistiques coordonnées en
matière administrative, consiste à s'en tenir au régime linguistique de la région
représentée.
De ce
principe il résulte
- que les
communes de la région de langue néerlandaise sans régime spécial seront
inscrites uniquement en néerlandais.
- que les
communes de la région de langue française sans régime spécial seront
inscrites uniquement en français ;
- que les 19
communes constituant l'arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale seront
inscrites en français et en néerlandais (il s'agit : d'Anderlecht, Auderghem,
Berchem-Saint Agathe, Bruxelles, Etterbeek, Evere, Forest, Ganshoren, Ixelles,
Jette, Koekelberg, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-Noode,
Schaerbeek, Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Lambert, et
Woluwe-Saint-Pierre);
- que les
communes périphériques (Drogenbos, Kraainem, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse,
Wemmel et Wezembeek-Oppem) seront inscrites en néerlandais et en français
(avec priorité au néerlandais).
- que les
communes de la région de langue allemande seront inscrites en allemand et en
français, avec la priorité à la langue allemande (il s'agit d'Eupen, La
Calamine, Lontzen, Raeren, Amblève, Bullange, Butgenbach, Burg-Reuland et
Saint-Vith).
- que dons les communes de la frontière linguistique situées en région de langue néerlandaise, les communes seront inscrites en néerlandais et en français, avec une priorité au néerlandais (il s'agit de Messines, Espierres-Helchin, Renaix, Herstappe, Bièvène et Fourons).
- que dans
les communes de la frontière linguistique situées en région de langue française,
les communes seront inscrites en français et en néerlandais, avec priorité au
français (il s'agit de Mouscron, Comines-Warneton, Flobecq et Enghien).
Il faut
ajouter que le principe énoncé ci-dessus sera également appliqué si, sur le
plan, figurent les noms des anciennes communes fusionnées.
Copie du présent
avis est envoyée au plaignant.
LE
PRÉSIDENT,
J. FLEERACKERS.
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© jlx@wallon.net - Dernière modification le 24/12/2005